«Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c'est
la disparition effrayante des espèces vivantes, qu'elles soient végétales ou
animales ; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine
vit sous une sorte de régime d'empoisonnement interne - si je puis dire - et je
pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon
existence. Ce n'est pas un monde que j'aime.» «Il a permis que soient rejeté, hors des frontières arbitrairement tracées, des fractions chaque fois plus prochaines d'une humanité à laquelle on pouvait d'autant plus facilement refuser la même dignité qu'au reste, qu'on avait oublié que si l'homme est respectable, c'est d'abord comme être vivant plutôt que comme seigneur et maître de la création : première reconnaissance qui l'eût contraint à faire preuve de respect envers tous les êtres vivants.» Allocution de Claude Lévi-Strauss à l'UNESCO en 1971 «On a commencé par couper l'homme de la nature, et par le constituer en règne
souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir
qu'il est d'abord un être vivant. Et, en restant aveugle à cette propriété
commune, on a donné champ libre à tous les abus. Anthropologie structurale - 1958
«[...] le respect que nous souhaitons obtenir de l'homme envers ses pareils n'est
qu'un cas particulier du respect qu'il devrait ressentir pour toutes les formes
de la vie. En ce siècle où l’homme s’acharne
à détruire d’innombrables formes vivantes, après
tant de siècles dont la richesse et la diversité constituaient de temps
immémorial, le plus clair de son patrimoine, jamais sans doute, il n’a
été plus nécessaire de dire, comme le font les mythes, qu’un humanisme bien
ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie
avant l’homme, le respect des autres avant l’amour-propre." In « L'origine des manières de table » - 1958 |
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