Par Eric Eustache,
président de Little Green Capital et
Directeur général de Kinomé, in Terra Eco N°
spéciale Cop de Copenhagen du 16 décembre 2009.
Pourquoi et comment l’homme a-t-il créé le monde tel qu’il est ? Quels sont les ressorts profonds qui nous font toujours préférer les solutions les moins porteuses de sens et de plaisir ? Pourquoi préférer la souffrance à la joie et au bonheur souvent à portée de main ? Qui a jamais décidé, pour toutes les générations passées et futures, que la vie devait être « un chemin de larmes » ? Que la beauté, la sagesse et l’innocence n’auraient de places sur Terre que fugitives ? La réponse à ces questions n’est pas à l’agenda des spécialistes réunis à Copenhague, pressés par l’urgence de modifier la course destructrice de nos économies. Reste que les meilleures volontés du monde risquent d’échouer à inverser le cours des choses, si le nœud du problème n’est jamais adressé : celui des pulsions profondes qui nous guident, individuellement et collectivement sur les mauvaises routes. Question vitale à ce stade, car nous sommes à la croisée des chemins de plusieurs crises systémiques majeures et simultanées : climat, biodiversité, démographie et pauvreté, eau et énergie. Jamais l’espèce humaine n’a autant frôlé l’abîme. Qui voudrait parier que la même façon de penser, celle à l’origine de tous nos maux et qui ne s’intéresse qu’à la matière, réussira, cette fois, à régler nos problèmes millénaires ? Un problème qui
tient en trois lettres : E, G et O. Un ego qui « déforme » notre perception du monde, qui nous fait craindre la blessure, l’obstacle ou le conflit là où ils ne sont pas, nous empêchant d’être heureux, de ressentir la joie ou le plaisir, nous condamnant à ne jamais vivre notre vie dans ses dimensions positives. Et nous amenant à laisser nos économies s’affranchir de toute logique, ruiner la biosphère, abandonner 4 milliards de personnes pauvres à leur sort et soumettre les autres à une logique de consommation absurde et inutile. Changer le rapport de l’Homme à lui-même (changer Soi pour changer le Monde), est donc un sujet brûlant d’actualité, qui concerne chacun des 7 milliards d’êtres humains qui constitue notre espèce surpuissante et si malheureuse. C’est un sujet majeur de la Conférence, mais il ne sera, cette fois encore, pas abordé. |
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